La nuit obscure de l'âme


Bien chers Frères et Sœurs sur le Sentier,

Ce soir, avant de m'endormir, je fais le point comme à l'accoutumé... Or, je m'aperçois qu'il arrive souvent que des membres après avoir eu l'impression de gravir rapidement le sentier de la connaissance, après avoir baigné dans l'Euphorie de la nouveauté, se retrouvent d'un seul coup devant l'abîme. Malgré des efforts soutenus, tout ce qu'ils peuvent faire semble contrarié par une force inconnue et invisible. Cela se manifeste même dans leur vie quotidienne, à tel point qu'ils sont tentés d'abandonner.

Ce stade est connu en Ésotérisme. Nous l'appelons "la nuit obscure". Elle survient à chaque étape décisive de notre développement, à chaque initiation donnée sur les plans subtils. Le doute nous envahit, les choses matérielles se détraquent, la lassitude nous prend. La question fatidique qui est posée est : "Sommes-nous capables de digérer l'acquis, sommes-nous capables d'aller plus loin sans mettre notre psychisme en péril ? "

Les Esséniens furent les premiers à appeler cette période de : "Nuit obscure de l'âme". Les pères de l'Église reprirent ce sens sous l'expression "d'aridité spirituelle". Ils désignaient en cela une période de désolation de l'âme se produisant dans la conscience intérieure. Puis vinrent les alchimistes qui appelèrent cette période : "nuit noire de la matière" et, en effet, elle précède la lumière nouvelle de l'initiation intérieure et personnelle tout comme l'aube précède les premiers rayons du matin.
Nous pouvons encore comparer cette période aux "Enfers initiatiques". Dans ces moments nous nous retrouvons devant les portiers des mondes inférieurs Égyptiens lorsqu'ils posaient les questions avant la pesée de l'âme. Et, il nous faut la vivre ainsi. Chaque cherchant se doit de vivre cette épreuve comme un renforcement de sa foi, comme une expérimentation de ce qu'il a appris depuis le commencement de son chemin.

Ce doute est d'une certaine façon une sauvegarde quant à l'avenir. Je pourrais faire la comparaison avec le montagnard qui n'aurait fait que des parois sans difficultés. Il prendrait certes confiance en lui, mais cette confiance pourrait se révéler dangereuse si elle l'amenait à n'avoir aucune peur devant la paroi et ainsi le rendre inconscient du danger. Il en est souvent de même pour celui qui gravit le sentier. L'énergie, la force, le pouvoir qu'il sent s'installer progressivement en lui a tendance à renforcer son Ego, son orgueil. Le piège est d'autant plus facile que le début du chemin se passe principalement sur les plans intellectuel et mental. Le cherchant est d'abord émerveillé par la Connaissance, tant et si bien qu'il en oublie son travail d'oratoire et sa pratique personnelle. Passant par la période de nuit obscure, il est d'un seul coup dépouillé de sa vanité. Il peut ainsi prendre conscience de ses faiblesses ou chuter définitivement si le but qu'il visait, n'était que le pouvoir. Nous pouvons la considérer comme un réajustement de notre mental.

Les anciennes écoles des mystères mettaient cette période en scène dans leur rituel de probation en faisant passer les candidats par des épreuves qui testaient leurs peurs. Il en est de même dans les courants Templiers où l'on dit que le Chevalier doit demander l'ouverture des portes des mondes inférieurs à Belzébuth. La symbolique est la même, l'aspirant chevalier doit vaincre ses peurs afin de maîtriser l'état qu'il convoite. Le bandeau noir que l'on pose sur les yeux du postulant est un reste de ces rites initiatiques. Le fait de rendre aveugle le candidat aux mystères le met en garde contre la nuit obscure qui s'annonce.

Cet état psychologique par lequel passe le postulant va lui permettre de transmuer ses craintes, sa timidité, en une force qui lui permettra de transformer en Connaissance ce qu'il a appris au cours de ses études. Il appartient à chacun de dépasser cette alchimie qui correspond à l'œuvre au noir.

Le fait que je vous en parle aujourd'hui ne veut pas dire que cela va vous arriver de suite. Vous en sentirez des effets à chaque palier, de plus en plus marqués jusqu'à vous retrouver dedans sans comprendre comment cela est venu. Dans les régions septentrionales, la nuit tombe sans prévenir... Mais la surprise vient surtout de ce que l'on ne prend pas garde aux signes avant-coureurs. Pris dans l'engouement de la connaissance neuve, nous laissons passer une suite de petits signes qui sont autant de signal d'alarme tout au long de notre route, mais le cherchant se croit toujours le plus fort, L'énergie nouvelle qui l'habite lui donne un sentiment d'invulnérabilité qui lui fait prendre ces signes pour des peccadilles.

Le premier de ces signes avant-coureurs est un regain d'activité. Une agitation croissante l'envahit mais qui lui laisse chaque fois un sentiment d'insatisfaction. Nous démarrons un projet qui nous faisait envie depuis longtemps, tout semble fonctionner correctement mais l'envie n'y est plus... Nous voulons plus, mieux... Nous sentons en nous même un désir autre, de plus en plus grand qui rend ce que nous vivons sans importance, amer. Un désir latent nous habite qui peu à peu devient notre Maître, II réclame satisfaction et nous met dans une situation de fébrilité émotive... Il nous replonge progressivement dans notre mental inférieur et cela nous empêche d'avoir une vision claire de ce que nous désirons. C'est l'époque où l'on cherche le gourou, le Maître, à n'importe quel prix... C'est le moment où l'on risque le plus de tomber dans une magie pas toujours "très claire" où, si l'on est honnête envers soi-même, on se rend compte que l'on cherche avant tout le pouvoir. Un peu comme le jeune conducteur aura tendance à appuyer sur l'accélérateur afin de maîtriser le véhicule nouveau qu'il possède alors que l'ancien cherchera avant tout le confort de ce véhicule. Mais ce véhicule ne va jamais assez vite... Alors... ! Dans ces moments, nous cherchons le groupe pour montrer nos réalisations, mais l'insatisfaction que nous avons de ces réalisations nous pousse le plus souvent à chercher la solitude. Notre Ego est le seul à comprendre notre besoin de puissance ! Le seul capable d'entendre l'impuissance qui est la nôtre !

Dans ces moments, nos émotions nous empêchent de voir la réalité de notre état, toute aide extérieure tombe à plat, le cherchant vit la contradiction permanente du but qu'il veut atteindre et qu'il impose aux autres ainsi que son incapacité à être. Comment faire pour en sortir me demanderez-vous ? Il est trop tard aurai-je tendance à vous répondre... C'est avant qu'il aurait fallu réagir car il est toujours préférable de prendre une maladie à son origine, faute d'avoir eu une action préventive.

Encore une fois, c'est dans nos oratoires qu'il nous faudra trouver la solution. C'est en mettant en œuvre notre volonté afin de descendre en nous-même. Dans ce lieu, face à notre miroir, nous oserons nous regarder et nous poser les bonnes questions, faire le bilan de notre vie face à des questions essentielles : Que signifie la vie pour moi ? Quelles raisons, autres que celles émotives, ai-je pour vivre ? Est-ce simplement une piété religieuse ou mystique qui me pousse à vivre ? Est-ce la peur de la mort ? Quels sont réellement les buts que je poursuis ?

Seule l'honnêteté intellectuelle peut nous sortir de cet état !

Lorsque ceci sera fait, revenez aux bases de tout cherchant. Méditez sur les valeurs fondamentales de la quête...
   - « La compassion, qui est l'opposée de toute passion égoïste et avide, permettra au cherchant de modifier sa vibration afin de se rendre disponible aux Hommes. »
   - La tendresse, antithèse de l'égocentrisme, qui permettra au cherchant de ne plus diriger ses pensées vers lui mais vers les autres. C'est cet état de sentiment qui est souvent appelé "miséricorde".
   - L'impassibilité, antithèse de la convoitise et du désir, qui permettra à l'aspirant serviteur de se libérer des résultats Karmiques de ses activités vis à vis d'autrui. Cette impassibilité se rapproche davantage d'une qualité du mental supérieur que les deux précédentes.

Cela nous ramène à nos trois cerveaux : la compassion, antithèse de l'émotif ; la tendresse, antithèse de l'amour narcissique et l'impassibilité, antithèse de l'intellect raison. Nous nous rendons ainsi compte que chaque cerveau contient en germe les deux autres.

Par ce travail sur vous-même, vous vous libérerez de l'emprise de cette "nuit obscure" en clarifiant vos buts, en les situant à nouveau vers l'autre et non plus aux seules fins de votre Ego qui ne cherche qu'à se rassurer au travers de pratiques magiques, divinatoires ou de contacts divers tout en vous donnant l'impression d'œuvrer pour le collectif.

L'ère du Verseau, pour laquelle nous devons nous préparer nous demande d'être vigilant et rigoriste (encore une fois, à ne pas confondre avec raideur). L'homme du Verseau devra devenir le Maître-serviteur du collectif, celui qui dépassera l'œuvre au noir par sa volonté de servir avant tout. Il avancera parce qu'il aura su reculer, céder sa place à d'autres sans calcul. En lui, l'Amour sera devenu l'athanor, le feu divin qui transmute toute chose sans excès.

Que l'Amour de notre Divin Maître réside toujours en vous.

Le Graal

" Que cherchait-t-on quand on cherchait le Graal ? Une coupe de la facture la plus précieuse ? Une modeste écuelle emplie du sang du Christ ? Un vase plein de ce que l'on voulait y trouver ? Là se tenait le génie de Chrétien de Troyes : n'avoir rien révélé, contraignant le chevalier à ne jamais cesser sa quête, forçant le roman à ne pas s'achever, offrant aux lecteurs d'imaginer ce qu'il voulait, l'incitant à toujours relire le conte.

" Graal " : tao de l'Occident, néant empli de son propre mystère, représentation née de l'absence et versée dans le vide. Le nom du Graal était légion. Mais à l'inverse de la légion satanique, cette légion-là scintillait de significations associées aux plus nobles vertus. Par les interprétations du Graal se rassemblaient les motifs de l'âme occidentale. C'était le vitrail de la grandeur d'être. Pureté, prouesse, valeur, aventure, amour ou foi, tout faisait sens, tout était Graal. Ô siècle béni (le douzième) où la chevalerie arrima une société à ces vertus de force et de beauté. Alors, le haut et le bas, le propre et le malpropre, la clarté et l'obscurité, le bien et le mal, le blanc et le noir ne se valaient pas.

Le chevalier sur le chemin cherchait la signification de son existence et le moyen de la hisser à sa plus haute définition. En aucun cas on n'eût réduit le Graal à un objet, fût-il une coupe christique. C'était autre chose. Cela pouvait signifier le rassemblement des plus hautes ambitions.

Une autre piste : le Graal correspondait à la recherche elle-même. Seul importerait alors le mouvement menant de l'obscurité à la lumière, c'est à dire de la question à la réponse. La quête du Graal se serait ainsi définie par son propre élan. Naissant de son désir, vivant de sa mécanique, s'alimentant de sa propre existence, le Graal était la quête. " Ipséité " du Graal diraient les cuistres.

On imaginait un lai.
- Que cherches-tu chevalier ?
- Je cherche à chercher.
- Trouveras- tu ?
- Je ne veux pas trouver.
- Où vas-tu ?
- On continue la quête.
- S'achèvera-t-elle ,
- Sa fin est de ne pas en avoir ".

Avec les fées - Sylvain Tesson

Le Graal

Avril 1980

Nous avons déjà parlé du Graal. C’est un sujet aussi vaste que la Liberté, la Fraternité, l’Amour...

Les légendes et la poésie qui entourent le Graal font qu’il est très difficile de lui donner une signification exacte.

Ce que l’on peut en dire, c'est qu’il est une réalité supra-humaine, antérieure à toutes religions, ou plus exactement ayant existé dans toutes les religions, des plus anciennes jusqu’à nos jours. Il est la "Révélation", l’unité de la Vie Universelle qui apporte la diversité dans le monde matériel. Il appartient à l’humanité et possède une souveraineté occulte sur la terre. Sa réalité supra-humaine n’empêche pas qu’il ait aussi une réalité sur les plans matériel, spirituel et mystique. Son origine remonte probablement à la Tradition hyperboréenne. La légende parle du centre primordial qui enseigna l’humanité. A ce moment-là, existait une civilisation d’êtres supérieurs ayant gardé le contact divin. Ils habitaient la "Terre des Vivants", l'hyperborée, une terre de glace transparente. La glace transparente est le symbole de la protection invisible. La lumière du Soleil baignait des êtres qui étaient purs. Ils étaient conscients des relations qu'ils pouvaient avoir avec le cosmos. Ils se plaçaient sous le signe solaire, principe masculin, actif. C’était la période de l’Age d'Or. Après ce temps, vint la période féminine où le principe féminin se rattachera à la Lune. Ce fut I’Age d’Argent. Les légendes de diverses traditions nous disent que cette période fut le temps de la révolte de l'esprit, l’ère des Géants et des Loups, où la civilisation commença à se gâcher. Alors vint l’Age du Bronze. Enfin, ce fut la dernière génération, l’Age du Fer.

Des êtres ont réalisé à ce moment-là leur chute. Ils avaient peu à peu abandonné leur spiritualité pour la matérialité. Les plus évolués ont tenté de reconstituer l’Age d'Or pour retrouver le Graal qu’ils avaient perdu. Et, depuis, l'homme le recherche toujours. Le Graal a été représenté de diverses façons, mais surtout comme une coupe mystique, une pierre contenant la Sagesse et l’Immortalité. Elle est le plus souvent de couleur verte, car cette couleur englobe tous les symboles des couleurs. Cette coupe était censée recevoir les rayons du Soleil et de la Lune.

D’après la mythologie, "Isis", dont le nom signifie arc-en-ciel, puisait dans une coupe d'or l'eau nécessaire aux serments de Dieu. Les Atlantes, que l'on considère comme la première race humaine venant du ciel, utilisaient la coupe en magie. La plupart des cérémonies magiques commençaient par le sacrifice d’un animal dont on recueillait le sang dans la coupe. Cette tradition s'est propagée au Caucase où l’on mettait dans la coupe le suc de l'arbre de vie, en Iran, en Irlande, en Belgique et au Danemark où l’on retrouve des vases et des chaudrons rituels. Dans l’Inde, le vase Samoudra contenait le saura qui, après avoir macéré trois jours, était considéré comme l’eau de la Connaissance. En Chine on faisait macérer dans le vase Ting six plantes sacrées qui permettaient de vaincre la mort, qui donnaient la puissance psychique, la clairvoyance, l’ivresse divine ouvrant les mondes supérieurs, les mondes du Graal. Au Mexique le vase se nommait Akbal, inversion du mot kabbale. Dans la civilisation de l'Islam, le Graal était la pierre mystérieuse vénérée de la Kahaba. La légende dit aussi que les 12 initiés protecteurs du Graal et Maîtres de la terre vivant dans l’Agartha primordiale donnent naissance aux doctrines de l’Inde et de la Perse. L’Agartha étant le royaume inaccessible à qui n’a pas la pureté absolue. Cette tradition venue jusqu’à nous par les Celtes a été répandue par les Druides, particulièrement en Bretagne. D'après les Druides, 12 pierres dressées figurent les 12 signes du zodiaque contenant les 12 portes du ciel, par lesquelles la lumière du Graal peut pénétrer dans notre monde et en sortir. Au centre des 12 pierres, se trouve une pierre que nul ne pourra toucher s’il n'est pur. La coupe d'or est l'apanage des peuples celtes.

Saint-Bernard est le dernier héritier de la grande initiation celtique en tant que fondateur de l’Ordre cistercien. Son influence a été déterminante sur le cycle des romans du Graal. Au XIII° siècle Wolfram von Eschenbach, qui appartenait à l’Ordre du Temple dit avoir trouvé sur une verte émeraude une inscription relatant le désir du paradis, du Graal, force spirituelle puisée dans les forces célestes. Pour W. d'Eschenbach, le Graal était une pierre précieuse enchâssé sur le front de Lucifer, l’Archange déchu, au moment de sa chute. En tombant cette pierre s'est divisée en 144 morceaux, qui ont formé les facettes d’une coupe. Remarquez que 144 est le carré de 12. Le Graal, d'origine céleste, est le reflet de la Lumière Originelle. Il a un caractère d'universalité. Le Graal est une parcelle de la lumière cosmique. Il est la conscience humaine réfléchie dans le cosmos. Il est le contenu spirituel sous la forme d’un mystère présent sur terre ayant une vertu céleste. La coupe se rattache à la voûte étoilée, aux forces cosmiques et particulièrement au soleil. On peut comparer la queste des chevaliers à une queste solaire à travers les signes du zodiaque.

Autre symbole se rapportant à la pierre : Le roi Arthur devient roi en retirant une épée fichée dans une pierre quadrangulaire. Sans pierre angulaire, le temple s'effondre. La pierre est parfois représentée par un triangle initiatique contenant « l’œil ». Ce symbole est utilisé par les chrétiens et francs-maçons qui inscrivent au centre du triangle le signe du tétragramme ou du Yod, nom divin. Alphabétiquement, ce nom est à l’origine des lettres, et hiéroglyphiquement il est le principe de toutes choses. Le centre du triangle est symboliquement l’axe du monde ; il est yod descendu du ciel, l’œil qui voit tout.

C’est d'Isis que nous viennent les vierges noires, le plus souvent habillées de vert, couleur de la pierre d’émeraude. Dans l’abbaye Saint-Victor à Marseille, la vierge et l'enfant Jésus sont habillés en vert, et les cierges qui les entourent sont verts. Aux Saintes-Maries de la Mer, en Provence, la vierge noire est parée de pierres vertes. Saint-Jean, dans l’Apocalypse, parle de "Celui" qui était assis sur un trône ayant l’aspect du jaspe ou de la sardoine, environné d'un arc-en-ciel semblable à l'émeraude. Le vert est devenu la couleur de la chevalerie.

Une autre définition du Graal est celle du Graal-Livre. Dans la grotte de Sabartez, près de Montségur, on a trouvé des tablettes fort bien conservées. Elles relatent comment s’établissait une relation occulte entre une Loge d'initiés cathares et d'initiés templiers possesseurs du "Livre". Le Graal-Pierre permettait la communication avec le Livre dont les origines proviendraient d’un peuple céleste. Mais il est dit que seuls les êtres d'une pureté absolue pouvaient servir d'intermédiaire et connaître les secrets qui ouvrent la voie aux plans supérieurs. Dans certaines églises, la Vierge est représentée puisant l’énergie cosmique dans une coupe, un vase ou une amphore et la répandant sur le monde. Cela évoque le Verseau, réalité cosmique et initiatique qui "verse" l'énergie du cosmos. Tout le monde connaît la légende de la coupe dans laquelle Joseph d’Arimathie recueille le sang du Christ au pied de la croix... Ce sang qui est le symbole éternel de la Lumière. Le Graal appartient à la Chevalerie Céleste, sa queste à la Chevalerie terrestre.

Chercher le Graal, c’est renouer sur le plan spirituel avec la Tradition Primordiale. Les Templiers possédaient la plénitude initiatique qui leur permettait d’avoir un rôle intermédiaire entre le Ciel et les hommes. Ils étaient garants de la Tradition. Nous faisons tous une queste individuelle du Graal. Nous recherchons dans le tréfonds de notre conscience notre pureté première. Chercher le Graal, c'est ce que nous nous efforçons de faire en Massenie. Chacun de nous doit préserver sa propre individualité, mais il ne nous sera pas possible d’arriver à un résultat si nous restons des individualistes ayant une attitude trop personnelle, si nous vivons sans Fraternité véritable. Dans ce cas, nous ne ferons rien de valable, ni pour nous-même, ni pour aider nos frères proches et nos frères en humanité.

Il faut développer en nous l'amour fraternel envers tout être vivant quel qu’il soit. L’amour est la seule force qui construit notre âme, qui l’enlève aux forces élémentaires du courant de notre vie. Dans notre inconscient tous les sentiments qui ont vécu en nous depuis l’origine sont perçus. Nous avons un passé dont le commencement nous échappe mais qui prépare perpétuellement notre futur et nous forme. La plus grande cause de la souffrance est le repli sur soi-même, le refus de comprendre les autres, le refus de la fraternité. Et pourtant, donner c’est s’enrichir. Il n'y a pas de véritable progrès sur le chemin de la Connaissance sans véritable amour fraternel. La Fraternité doit vivre en nous, dans toute notre façon de penser et d'agir. Il faut que nous ayons le désir de joindre "l'autre" pour qu'il sente lui cette force.

Les réunions de la Massenie, en se prolongeant au delà de l’enseignement nous en donnent la possibilité. Rien n'est plus réconfortant, pour un être aux prises avec les difficultés de tous ordres, que de sentir la manifestation d'une attitude fraternelle. Nous devons penser que l’âme de chacun est une parcelle de l'esprit cosmique éternel, au même titre que la nôtre. Si, pour certains, les enseignements de la Massenie et les débats qu'ils provoquent ne sont soit qu'un jeu de l'esprit, soit une occasion de s’évader de leurs problèmes et de leurs soucis, j'en serais navrée pour eux. Car, à mes yeux ils auraient raté l'épreuve. Je pense que vous sentez tous que la Massenie du Saint-Graal est une véritable Chevalerie qui s'est reconstituée. Chacun peut œuvrer pour sa progression, mais cela est insuffisant. Il faut aussi œuvrer pour que la Fraternité ne soit pas un vain mot, ou une simple attitude superficielle. Nous devons nous resserrer les uns les autres pour qu'au moment des grandes épreuves nous ne formions qu’un. N'oublions pas que l'expression ultime de la vie spirituelle est la fusion d’Amour avec Dieu. Mais, pour l'atteindre, il nous faut développer l'Amour Fraternel.

G

Méditation de l’Arbre de Vie

[…] 

Les cinq premiers Arcanes informent ce qu’on appelle le Quaternaire d’Atsilout dans l’Arbre de Vie.

 

Placer les Arcanes dans les Séphiroth plutôt que sur les Sentiers de l’Arbre –comme cela est traditionnellement le cas- provient de la géniale intuition de J. Haab.

Par Arcane, nous entendons par ailleurs ici la famille symbolique formée par la Lettre hébraïque, la Lame du Tarot et l’Astre (ou le Signe, l’Elément) correspondants.
Par exemple, l’Arcane 2 (qui informe la Séphirah Binah) est ainsi composé de la Lettre Beit, de la Lame de la Papesse et de la Planète Saturne.

 

Le Bateleur via l’Arcane 1 se retrouve ainsi à couronner l’Arbre de Vie et c’est la table présente au centre de la Lame qui nous donne en fait la figure du Quaternaire d’Atsilout, avec ses 3 pieds visibles et son pied caché. C’est-à-dire avec la Triade supérieure de l’Arbre et la non-Séphirah Daât.

Le 4 est le Nombre de l’Harmonie, de l’équilibre ; il porte l’idée de la perfection du Monde. Et c’est bien de cela dont il s’agit ici, avec la Triade supérieure de l’Arbre qui correspond à l’Eden (et aux 4 fleuves de son jardin…)

D’un point de vue cosmogonique, le Quaternaire d’Atsilout correspond au Plan divin, totalement hors du temps ; un « lieu » où l’Harmonie et la Science divines règnent en maîtres.

Pour les qabalistes, cette partie de l’Arbre est appelé le « Grand Visage » (ou visage longanime), tandis que les 7 Séphiroth inférieures sont appelées le « Petit Visage » (ou visage tendu). Cela faisant référence à l’idée alchimique que la Matérialisation de la Lumière divine correspond à son ralentissement, à sa restriction ; ce ralentissement à un certain niveau fait écho au contraire à une mise sous stress de la Lumière à un autre niveau, qui plus il devient important, plus rend important la perception du temps, de l’espace et de la gravité par la conscience.

Cela nous donnant déjà une première pratique, consistant à rechercher le calme, la détente du Corps, l’entrée dans un état de réception. A percevoir en soi lorsque tout devient « lourd » (et où alors tout bloque extérieurement, tout est rendu plus pénible à réaliser) ou lorsque tout devient « léger », les choses se réalisant alors de manière fluide et parfois même en faisant fi de certaines lois terrestres…

Au niveau de la Triade supérieure de l’Arbre, les Lois divines étant obligatoirement respectées, l’Harmonie règne et l’Equilibre est parfait. C’est alors qu’intervient le Serpent dans la Genèse… afin que la Spirale de Vie continue son élargissement. Sans le Serpent, le Cercle se boucle, l’évolution s’arrête.

C’est la Connaissance (Daât) qui est proposé à l’Esprit de l’Homme ; la connaissance par expérience de la dualité, de la séparation et donc de la potentielle transcendance. L’expérience par essai/erreur que ne permet tout simplement pas le Plan divin. La possibilité pour l’Esprit de l’Homme, d’être le responsable de son état d’être… plutôt que son passif récipiendaire en Eden.

Au péché originel, préférons croire ainsi à l’Acte délibéré de la Conscience de souhaiter continuer à évoluer…

Daât devient alors le « lieu » de la Séparation entre le Plan créateur et la Plan créé. Lorsque Lucifer (ou l’Empereur de l’Arcane 4…) descend l’Arbre, la Lettre Dalet correspondante semble ainsi désormais fermer le passage vers le Haut. L’Arcane 3 cependant, la Quête initiatique, la possibilité d’Assomption représentée par l’Impératrice, fait couple en Daât avec l’Empereur.

Nous voyons donc que Daât propose une dynamique (descendre dans les Profondeurs pour rejaillir à l’Air libre), un double mouvement simultané (que nous retrouvons déjà avec le Bateleur d’ailleurs, avec la baguette dirigée vers le Bas, en même temps que la Rose s’élance vers le Haut).

Une fois la Descente dans la Matière enclenchée, c’est la mémoire de notre état divin qui va progressivement s’estomper, comme une conséquence et un préalable obligatoires de/à l’Expérience. D’où le fameux « Souviens-toi ! » de la Qabale…

Le plan divin garde cependant la mémoire de qui nous sommes, de qui nous sommes avant l’Expérience… c’est comme une sauvegarde informatique. Autrement dit et à un niveau davantage macrocosmique, le couple du Pape et de la Papesse, dans un parfait équilibre et une parfaite harmonie, garde la mémoire du Plan initial et peut-être bien aussi la mémoire de l’évolution déjà acquise…

La Lettre Aleph qui couronne l’Arbre de Vie via l’Arcane 1 résume tout ce processus dans sa graphie même.


En haut à droite, le Yod initial ; au centre la Séparation ; en bas à gauche le Yod « en expérience ».

Lorsque le Yod en expérience que nous sommes, accepte le processus de l’incarnation jusqu’au bout, puis qu’il réalise son retournement dans la Matrice (c’est-à-dire qu’il enclenche le processus d’Assomption de l’être, plutôt que son enfouissement définitif dans la matière), alors nous pouvons devenir des « Hommes-Arbres » et voir à travers la Séparation, l’unicité de l’Œuvre et le jeu de miroir qu’elle nous offre…

Alors, tout devient « Enseignement devant soi », les événements extérieurs deviennent – « à celui qui sait voir et entendre » – la guidance pour l’Œuvre en soi. Ayant perdu la mémoire et nous étant progressivement endormi lors de la Descente, voir à travers la Séparation, même si la communication commence difficilement et manque de clarté et de simplicité, est comme s’éveiller d’un Rêve…

Et mystère des mystères que nous enseigne Aleph avec sa valeur pleine : 1 1 1, c’est que nous sommes à la fois le Yod en haut, le Yod en bas et la Séparation au milieu…

Notons également la similitude du Aleph avec le symbole ancien du Tao…


Or, dans le Quaternaire d’Atsilout, avec les deux couples Pape/Papesse et Empereur/Impératrice, on voit bien que l’accent est mis sur les polarités. Remarquons cependant qu’au niveau de la Triade supérieure de l’Arbre, même s’il y a bien eu Scission primordiale de l’Unité (Keter, dans le Monde de l’Emanation, « s’ouvre en deux » avec Hokmah et Binah dans le Monde de la Création, ouvrant ainsi la « Porte du Temps et de l’Espace » - Daât), cette dualité reste comprise dans l’unité.

Cela se retrouve remarquablement au niveau du corps humain et de la partie correspondante à la Triade supérieure de l’Arbre, soit au niveau de la tête… Notre crâne qui est un mais où est inscrit la dualité avec nos paires d’yeux, d’oreilles ou de narines. Après le cou, la dualité du corps devient davantage prononcée avec nos deux bras et nos deux jambes, tout comme cela est le cas dans l’Arbre après Daât…

Restons sur le plan microcosmique et regardons ce que nous enseigne la Triade supérieure concernant le Cerveau Intellectuel de l’Homme, l’un des 3 Cerveaux de l’être.

Pour ce faire, ajoutons aux 22 Arcanes les 10 Planètes sur les Séphiroth. Cela fonctionne remarquablement bien en utilisant le système RET de l’Astrologie naturelle, car celle-ci organise les 10 Planètes dans un système de 3 triades + 1 Planète, analogue au système proposé par l’Arbre de Vie lui-même (constitué par 3 triades de 3 Séphiroth + 1 Séphirah). 



Pour la Triade supérieure de l’Arbre de Vie, nous placerons les 3 Planètes de la Transcendance ; Uranus en Binah, Neptune en Hokmah et Pluton en Keter.


Remarquons pour commencer la complémentarité d’Uranus et de Neptune en termes de graphies ; cela fait écho à la complémentarité du Pape et de la Papesse.

Uranus fixe tandis que Neptune ouvre.

En fait, Binah peut être associé à l’hémisphère gauche, rationnel, tandis que Hokmah peut être associé au cerveau droit, irrationnel de notre cerveau.


Et puisqu’il s’agit d’harmonie, d’équilibre, notre propos devrait être de tenter d’équilibrer l’usage de nos deux hémisphères, de chercher la Sagesse dans la Folie (Hokmah) et l’Intelligence dans l’Ordre (Binah). De se mettre en réception (Neptune) de la guidance divine, puis de la rendre pratique sur ce Plan (Uranus).

[…]

Ch+ Arnau de Vilanova

Arcane 5


SPIRITUALITE - VIE - LEGERETE

 

Eléments remarquables :

Il souffla dans ses narines un souffle de vie et l'Homme devint un être vivant.

* Les idées et les actions sont creuses si elles ne sont pas remplies du souffle de Dieu. Pourrait-on dire également que l'aspiration est vaine si elle n'est pas concrétisée par l'Acte ?
* Hé, ne serait-ce pas Guimel qui passe Dalet ? Guimel n'est plus alors qu'un Yod, un Yod qui passe par la fenêtre. Reviendra-t-il sain et simple d'esprit ?