La Verge d'Amandier ou Les Trois Yeux du Dragon



Au hasard des rencontres, l'on m'a proposé ce livre... Après lecture, je ne peux que vous inviter à le lire et surtout à le travailler.. Pour tous ceux qui cherchent les mystères de la Tradition, il sera une source d'inspiration... Non pas de ces mystères qui font rêver sans rien apporter mais des arcana arcanorum scellant à jamais les lèvres pour que les clés puissent agir, plongeant le regard dans l'obscurité pour qu'il puisse enfin contempler la Lumière... Bonne lecture à tous...


par un Cabalier à la Rose

Dévoilement de l'Ordre (ancien) du Dragon et de certains de ses plus importants secrets ayant irrigué la plupart des Ordres initiatiques occidentaux, majeurs et authentiques.
Théorie et pratique des Trois Schémas Directeurs (Mandalas d’Occident) angéliques ; le Fil d’Ariane des Arcana Arcanorum.
Présentation de la Sublime Loge des Cabaliers à la Rose.

L’auteur est l’actuel Grand Maître de l’Ordre du Dragon (Septentrionalis Ordo Draconis), créé en 315 et recréé « en extérieur » par l’empereur Sigismond de Luxembourg en 1408.
En fut membre un certain Abraham ben Simon, connu comme l’auteur de « La Magie Sacrée ou Livre d’Abramelin le Mage ».
Cet Ordre très intimiste, qui a failli disparaître il y a peu mais désormais préservé, est en arrière plan de toutes les communications de secrètes sapiences qui eurent lieu, au cours des siècles, parmi les Ordres initiatiques occidentaux majeurs et authentiques.
Le présent ouvrage délivre, de peur de leur entière disparition, une grande partie des bases structurales, les Trois Schémas Directeurs ou Mandalas d’Occident, avec leur pratique, sans lesquels l’Occultisme moderne, fortement délabré, est dépourvu de Fil d’Ariane. Il permet, enfin, de découvrir presque tout le contenu ordonné de l’Architecture subtile qui a précédé l’émiettement de ce qu’il est convenu d’appeler de nos jours les « Arcana Arcanorum », mais dont ce qui en est connu n’est que le sommet d’un iceberg.
Répondre aux interrogations et manques spirituels des détenteurs sincères et mystiques des hauts-grades kabbalistiques, rosicruciens ou maçonniques,comme de tout vrai disciple de la Voie est notre présente ambition.

Puisse le Bien des Êtres en résulter, c’est notre vœu le plus cher !

Je vous propose un extrait de son entrée en matière....

Sérieux avertissement préliminaire
Ce livre, exclusivement destiné à la conservation, par le public, du cœur même de la Cabale Occidentale en ses Trois Schémas Directeurs, ses Trois Mandalas sans lesquels elle n’a guère de sens, inconnus des Ordres initiatiques actuels en leur structure complète et, hélas, largement dévoyés en leur pratique fragmentaire par des esprits fragmentés, peut vous être nocif.
Si vous croyez encore que le Sentier de la Libération passe par une accumulation de données, même savantes, ou de potentialités merveilleuses que l’on pourrait cultiver pour développer la personne, vous faites erreur.
Si vous n’êtes pas débarrassés d’une insidieuse et subreptice quête de pouvoir, issue de la peur et de l’insatisfaction de votre vie actuelle dont vous ne cherchez pas les causes réelles, vous faites erreur.
Si vous pensez accéder à des connaissances qui, portant le masque attrayant du mystère, serviraient une sorte de magie aux effets automatiques reposant, en fait, foncièrement, sur un matérialisme spirituel et offrant le luxe sécurisant de ne plus avoir à penser librement, hors de tous préjugés culturels, vous faites erreur.
Si vous abordez, en outre, tout cela sans une once d’amour généreux, sans un sens aigu de la nécessaire compassion envers tous les êtres, sans bornes ni restrictions aucunes, vous faites alors gravement erreur.
Enfin, si vous êtes persuadés de découvrir, ici, la Vérité qui vous délivrera, sans un réel et profond bouleversement de vos conditionnements, vous faites fausse route, résolument.

« Pour penser réellement, profondément, sincèrement, complètement, il faut que l’esprit soit libre de préjugés, de certitude, de crainte, d’idées préconçues ; il doit partir tout frais, à vide, et non avec un bagage de traditions. Après tout, la tradition n’a de valeur qu’autant qu’elle vous aide à penser, et non si elle vous surcharge de son poids. (…) Pour moi, la croyance au pouvoir d’une cérémonie pour vous donner la compréhension, la richesse spirituelle, est précisément celle du matérialiste. (…) Vous êtes rassasiés de vos vieilles églises et institutions, vous avez besoin d’un nouveau jouet pour vous amuser, et vous acceptez ce nouveau jouet sans vous demander s’il a quelque valeur ; on ne peut trouver si une chose a de la valeur quand on ne fait que chercher à la substituer à d’autres. (…) La vie est si vide, si terne, si stupide, si ignominieuse que vous voulez introduire quelque romantisme dans votre monde, quelque espoir, la torpeur d’une rêverie obsédante ; mais si vous affrontiez le monde tel qu’il est, si vous étiez aux prises avec les faits, vous trouveriez quelque chose d’infiniment plus grand qu’aucune philosophie, plus grand qu’aucun livre au monde, plus grand qu’aucun enseignement, qu’aucun instructeur. »
Jiddhu Krishnamurti
Puisse cette page servir de contrepoison aux esprits maladifs !

la Non-Voie

Qu'est-ce que la Non-Voie ?

Découvrir les réponses ensemble, sans que l’un la dise à l’autre, sans que l’un l’accepte de l’autre, sans que cela soit une conclusion personnelle de l’un ; ensemble comme deux êtres humains étant passés par de nombreuses expériences de vie et ayant beaucoup cherché. Vivre sans division d’aucune sorte ? Se le demander avec passion, ce qui n’induit pas le fanatisme ou le martyr ; le découvrir par soi-même, avec honnêteté, quelle est votre réponse intérieure ? Il ne s’agit pas d’accepter ou de réfuter ce que je dis ! Nous avons été élevés dans ce système d’être d’accord ou non. Toujours cette division… Contentez-vous d’observer, de rester avec la chose, et de voir ce qu’il se passe. Se connaître soi-même est possible sans qu’il y ait besoin de se juger ou de vouloir se changer. Allons-nous plutôt emprunter ce voyage sans début ni fin ensemble, en se contentant d’observer sans préjugés, avec le plus d’exactitude possible, ce qui est et non ce qui devrait être. Cela demande beaucoup d’attention, un cerveau très actif. Les mots que j’utilise sont fort simples, avec un langage quotidien, ordinaire. Observer sans appréciation, sans jugement, les conséquences de nos actes, de notre relation au monde, du monde sur nous. Je ne répondrai à rien, car sinon vous ne feriez que répéter. Je ne donnerai pas de solution, mais creusez… sondez… étudiez en vous… Jusqu’à trouver de l’eau ! A-t-on besoin d’aide pour cela ? N’acceptez rien de ce que je dis. N’appartenir à rien, ni pays, ni guru, ni organisation. C’est très difficile. Poser une relation est très important pour toute communication, car les mots ne suffisent pas pour réellement transmettre. Je n’ai aucune importance, ce qui est important est ce que je dis. Ceci n’est pas un culte de la personnalité ! Plus vous comprenez l’action de la pensée, plus vous comprenez tant de choses sur le monde, la vérité du monde. Vous n’avez pas besoin de livre, de philosophie pour faire cela !

Clermont-Ferrand - 1985
Conférence 1

Point de départ : la situation mondiale préoccupante ; crise mondiale mais aussi intérieure.

Quelle est ma responsabilité personnelle dans cette crise ? Que puis-je y faire ? Par quoi dois-je commencer ? Société où chacun se préoccupe de lui-même. Allons-nous nous engager dans un parti ? Prier ? Suivre un guru ? Nous retirer du monde ? Qu’ont résolu nos leaders ? Que pouvons-nous faire comme être humain unique ? Poursuivre des satisfactions ? Comment l’Homme en est-il arrivé à ce point après tant de millénaires ? Pourquoi l’Homme est-il en conflit perpétuel ? Avec la Mère, leurs politiques élus, leurs dogmes religieux, etc. Quelle est la cause de ce conflit extérieur et intérieur ?

Tous les enseignements, et cela depuis bien avant Christ, ont préconisé un état de paix, de douceur, de générosité… Mais dès notre naissance nous nous confrontons au monde… Cet état est-il possible en continuant à vivre la vie quotidienne ?

Pourquoi l’Homme vit-il de cette façon, pourquoi est-il en conflit jusqu’à sa propre relation intime, sexuelle, familiale, sociale… Pourquoi ne peut-il pas contempler la vie en paix, être sensible de la gloire de la Terre, de la Beauté ?

L’Homme peut-il être complètement déconditionné et fonctionner à 100 % ?

Pourquoi cette lutte perpétuelle ? Après tout cette lutte semble naturelle, elle semble être aussi présente dans la Nature, il pourrait être normal que nous soyons en lutte perpétuelle. Mais si nous ne l’acceptons pas, par quoi commencer ? On peut analyser tous les facteurs du conflit ou y-a-t-il d’autres moyens ? L’analyse induit un sujet et un objet. Sont-ils vraiment séparés ? Que vaut la qualité de l’analyse ? Qui est l’analyseur ? Qui est l’observateur ? L’analyseur n’est-il pas conditionné pas son passé ? L’observateur induit un observé, mais cette division même induit le conflit !

La racine du conflit est la division.

Si je suis agressif ici, soumis là, je suis en contradiction. Je peux l’accepter mais être totalement honnête est fondamental. Vivre en paix demande une énorme honnêteté et intelligence.

Notre cerveau est extrêmement performant, il suffit d’observer le monde technologique actuel pour le constater. Mais si peu d’Amour cependant… Partout où j’ai observé il y a souffrance. Le cerveau et la conscience associée ne m’appartiennent pas. Notre conscience est partagée par tous les êtres humains. Si on arrive à percevoir cela, à ressentir cela, il n’y a plus de conflit. Si ma conscience est partagée par tous, nous sommes tous UN, je suis l’humanité entière. Ceci est un fait, non une idée, un concept. Nous traversons tous les mêmes choses. Nous avons amassé tant de choses, tant d’idées… Le cerveau amasse… êtes-vous délivré de cela ? Cessons-nous jamais d’amasser ? Où ce processus n’est-il pas nécessaire (art de vivre) ? Sommes-nous conscients de tout ce que nous amassons (habitudes, etc.) ? Cette accumulation conditionne le cerveau. Intérieurement, est-il nécessaire d’accumuler ? L’illumination rend libre de tout cela, et n’est-ce pas cela l’Amour ? Un cerveau qui n’assemble pas, qui a découvert pas lui-même ?

Conférence 2

Nous parlions du conflit, du conflit entre homme et femme, entre groupes, entre nations, entre religions, etc. Et nous sommes souvent indifférents à cela, à la cruauté, à toutes les choses hideuses dans ce monde. Qui est responsable de cela ?

Les politiques ? Ce qui implique que nous les laissions faire sous prétexte qu’on les ait élus dans les soi-disantes démocraties ?
Chacun d’entre nous ? Nous sommes responsables d’avoir créé cette société qui nous entoure, où nous portons notre affection à si peu de personnes. Restons-nous indifférents tant que nous sommes en sécurité, par les frontières… ?

Qu’est-ce que l’ordre ou le désordre ? L’ordre doit-il commencer par notre maison ? Dans notre intérieur ? Les totalitarismes ont pensé qu’imposer l’ordre à la société serait la solution à un changement de société. Mais ça ne marche pas. Modifier les lois par la démocratie ou mettre de l’ordre chez soi ? Comment mettre ma maison en ordre ? Nous avons été dépendants de l’extérieur. Nous pensions être bien menés.

L’ordre implique qu’il n’y ait pas de conflit en soi. Si le cerveau est en désordre, non clair, il ne peut qu’induire le conflit. Là où il y a conflit, il y a nécessairement désordre. Qu’est-ce que la nature du désordre ? Car un esprit confus peut définir son ordre…

Il y a souvent désordre entre sa manière d’être au travail et à la maison.

Le cerveau recherche constamment l’ordre dans cette vie en désordre.

Nous sommes violents, agressifs (physiquement, psychologiquement), même la comparaison à l’autre est violente. Violent par notre origine animale. Nous avons créé le concept de non-violence, mais nous sommes violents ! Pourquoi le fuir ? En voulant être non-violents, je sème les graines de la violence. Il faut mieux s’occuper de la violence, en comprendre la nature, les moyens de s’en libérer (définitivement ?)

Qu’est-ce que le désordre ? Dire une chose et agir autrement ? Agir d’une manière et penser autrement ? Dire ou faire comme d’autres le font, sans chercher soi-même la réponse ? Il faut avoir une grande dose d’honnêteté… Si j’ai peur, j’ai peur. Si je mens, je le reconnais, point barre, sans justification ou autre.

Il y a désordre tant qu’il y a conflit, qui est une opposition entre deux objets.

Qu’est-ce qu’être bon ou mauvais ? Sont-ils séparés ? Le bon prend-il sa racine dans le mauvais ou inversement ? Qu’est qu’être bon ? Si je ne connais pas le mauvais, comment vouloir le bon ? Le bon est-il le bon donc ?

Si l’amour est lié à la haine, cet amour n’est pas de l’amour… Comment mettre fin à cette dualité ? Être conscient de chacune de ses pensées…

Qu’est-ce que la pensée ? Si je tente d’y répondre, j’y pense…

La pensée de l’homme est capable d’envoyer des hommes sur la Lune… pour y planter un drapeau… ? Le monde technologique est issu de la pensée, et c’est souvent absurde…

Nous sommes programmés par notre conditionnement. Pourquoi ne pas se contenter d’agir ? Qu’est-ce que l’acte de penser ? Est-il possible de penser sans mémoire ? Qu’est-ce que la mémoire ? Se projeter dans l’avenir est l’action de la pensée dans le temps. La mémoire s’appuie sur l’expérience.

Expérience – Mémoire – Pensée. Or l’expérience est toujours limitée, je ne peux pas faire l’expérience de tout l’univers donc le savoir est limité, toujours, donc la mémoire est limitée, donc la pensée est limitée… La pensée scientifique, religieuse, politique, etc. est toujours limitée.

La pensée peut-elle amener l’ordre ? Ou si elle est limitée, elle ne peut créer que le désordre. Si je suis un français, c’est très limité, ça ne peut que créer du désordre.

Existe-t-il un instrument aussi efficace que la pensée ? Tout se trouve dans le cerveau et la pensée en est le centre. Le cerveau peut-il se servir de la pensée lorsque c’est nécessaire et ne pas s’en servir autrement ? Cet incessant dialogue intérieur…

Cela demande de comprendre le temps. Il est horizontal et vertical. Mouvement cyclique, linéaire du temps. Il est nécessaire pour la croissance d’une graine. Il y a le temps physique mais aussi le temps psychologique. Le cerveau vit dans le temps. Nous parlons de notre vie telle qu’elle est, ennuyeuse, routinière, etc. non de ce qu’elle devrait être !

Tous mes hier se situent maintenant. Le passé se poursuit dans le futur. Dons le futur se situe maintenant. Le passé modifié par les circonstances continue dans le futur. Nous continuons à être des barbares, mieux rasés et mieux habillés…

Si je ne brise pas ce cycle, le futur sera toujours le présent. Si je suis avide, je continuerai à l’être tant que je ne serai pas satisfait. Si je ne m’arrête pas d’être avide, cela continuera. Le cycle peut-il être brisé ? Lorsque c’est le cas, les cellules du cerveau changent.

Puisque je ne peux prévoir le futur, je dois me libérer maintenant ! Je dois briser le cycle du temps maintenant. Si je me dirige vers le nord, qu’on me dise qu’il n’y a rien au bout, je peux changer de direction ! Il faut comprendre la nature du temps. Si on ne brise pas le schéma, tout se répétera sans cesse. Nous continuerons à tuer. Le temps n’a aucune valeur dans le changement. Le schéma est brisé. On peut vivre différemment.

Conférence 3

Nous parlions du conflit et de sa causalité. Il croît de plus en plus dans le monde, sous toutes ses formes. Sa cause est dans les oppositions en nous-mêmes et par conséquent dans la société. Nous sommes en conflit, en compétition depuis notre naissance jusqu’à notre mort, et cela depuis la nuit des temps.

Que sommes-nous ? Pourquoi avons-nous un intérêt pour nous-mêmes si enraciné ? L’intérêt pour soi. Est-il possible de vivre en ce monde sans cet intérêt pour soi, d’abord psychologiquement, puis à l’extérieur ?

Avez-vous remarqué que nous nous entourons constamment de clôtures ? Par exemple entre vous et l’orateur. Vous écoutez partiellement et non totalement pour ne pas être exposé à un face à face avec vous-mêmes. Mais là où il y a division, il y a nécessairement conflit, c’est la loi. Cette vision est la chose elle-même qui brise la barrière…

Que signifie voir ? Observer ? Notre observation détermine une direction. Nous ne regardons jamais l’ensemble de notre vie comme une unité, mais nous la fragmentons. L’accord et le désaccord implique le choix. La récompense et la punition… Une fois reconnue la division, nous pouvons observer le monde.

Il s’agit d’observer exactement ce que nous sommes, sans déformations. Psychologiquement parlant, nous avons la violence, la haine, la jalousie, l’agression, le désir d’être ou d’avoir de plus en plus. Prenons-les comme des faits, sans se faire une idée sur ces faits. Voyons d’abord ce que je suis et non ce que je devrais être. Je suis coléreux c’est un fait ; je ne devrais pas être coléreux, c’est une idée.

Le mot arbre n’est pas l’arbre. Le mot n’est pas la chose. Le cerveau qui observe est pris dans un fatras de mots… Est-il possible d’observer sans mots, sans images ? Mots et images sont division. Derrière eux, une myriade d’idées…

S’observer soi-même sans le mot. Il est très important d’observer pourquoi l’humain est-il blessé. Ordres, restrictions, punitions… depuis l’enfance. Nous sommes blessés depuis l’enfance, ce que nous portons avec nous une fois adulte et qui entraîne que nous nous entourons d’une barrière par peur d’être blessé de nouveau.

Peur de ne pas être récompensé, de l’échec, de notre sentiment de faiblesse… Allons-nous pouvoir creuser ce sujet ? Y plonger jusqu’au bout ? Peur de ne pas avoir réussi… Rien n’est trop difficile à la volonté. Si vous y arriver, nous pourrons discuter, pas seulement intellectuellement, de ce problème très complexe.

Voulons-nous de l’aide ? Prier est une forme d’aide ; prier de ne plus avoir peur ? L’orateur est une forme d’aide. Mais il ne vous donnera pas la solution, marchons ensemble… D’aide pour s’instruire, pour être conduit ? L’orateur n’est pas en train de vous aider, l’acceptez-vous ? Ce n’est pas aussi facile que cela…

Quand nous voyons les choses clairement, nous ne demandons aucune aide, cela entraîne l’action. L’orateur ne vous dit pas comment faire. Chaque fois que vous demandez comment, il y a toujours quelqu’un pour vous tendre une corde. Je ne vous tendrai pas la main, mais si nous marchons ensemble nous nous donnerons la main…

Quelle est la cause de la peur ? Si on la connait, on peut la changer. Elle peut toujours être déracinée. Soit immédiatement, soit avec du temps. Pourquoi tolérons-nous la peur en en connaissant les conséquences ? Sans peur, il n’y aurait pas de dieux, de personnalités à adorer… Vous seriez libres psychologiquement. La peur nous contracte, nous cherchons à la fuir et cette fuite devient plus importante que la peur elle-même.

Nous ne parlons pas des différentes formes de peur, mais de sa racine même. Il faut comprendre comment cet arbre fonctionne, se nourrit… Couper une branche ne sert à rien. Je ne vous le dirai pas.

La peur est très complexe, c’est une puissante réaction. S’en rendre compte est un choc. Le cerveau s’en protège. Pour en comprendre sa racine, il faut comprendre le temps.

Qu’est-ce que le temps ? Nous vivons dans le temps. Je vis, je vais mourir. Tant biologiquement que psychologiquement. Le temps est-il un facteur de la peur ?

Pensée et temps sont liés. La peur est le temps pensé. Ils sont à la racine de la peur. Je me souviens de… Comment la pensée peut-elle s’arrêter ? Quel est le processus de la pensée ? Est-il possible de ne pas bavarder toute la journée, de reposer notre cerveau ?

Je pense que c’est une mauvaise question. Qui pense à arrêter de penser ? La pensée non ? Qui est celui qui exprime le souhait de ne plus penser ?!

Toute pensée qui ne décrit pas ce qui est, est le processus de la pensée.

Il s’agit de voir que la pensée est à la racine de la peur. Ne demandez pas comment ! Voyez-le par vous-mêmes. Prenez le temps de délibérer la chose…

Simplement voir un scorpion nous fait agir non ? Donc si nous voyions vraiment la cause de la peur, nous agirions non ? Donc nous ne le voyons pas.

Mais nous sommes peu désireux de voir un fait aussi simple, du fait de notre individualité. Alors on a besoin d’être persuadé, d’être propagandé, ce qui est si inutile ! Nous pouvons le faire par nous-mêmes. Il n’y a plus besoins de qui que ce soit. La perception même est action, elle rend libre.

Conférence 4

Nous allons parler de l’intérêt pour soi, de l’austérité, du comportement et si nous pouvons mettre un terme à la souffrance. Pourquoi, après tant de millénaires, l’être et l’humanité ne se sont toujours pas libéré d’elle ? Et aussi du plaisir et de la mort si nous en avons le temps. Et par cette si belle matinée, nous pourrions-nous pas également parlé de la beauté ? Non pas la beauté de la nature, de sa vitalité, ou bien de l’extraordinaire expérience de se retrouver face à un tigre sauvage.

Sans beauté et sans amour, il n’y a pas de vérité. Qu’est-ce que la beauté ? L’immensité, l’incalculable profondeur de la beauté. Le mot beauté n’est pas la beauté. Il faut être très vigilant avec les mots car notre cerveau travaille avec les mots.

Réside-t-elle dans une personne, dans un visage ? Dans les musées, les tableaux ? Dans la musique, dans un poème, dans la danse, dans la littérature ? Ou est-ce quelque chose d’entièrement différent ? Ne vous satisfaisiez pas avec les explications, les accords et désaccords… Pénétrez le mot… La qualité de beauté, qui est sensibilité, induit tant la beauté naturelle que le sentiment (non sensationnel). La beauté est-elle une sensation ? Car nous vivons par les sensations. Si nous pouvions écarter tous les mots de notre cerveau pour pénétrer la subtile nature de la beauté…

Lorsque vous contemplez une montagne, vous pouvez sentir sa majesté, et pendant un instant la formidable dignité, la solidité de ce qu’il y a devant vous écarte tous vos pensées et problèmes et vous dites comme c’est merveilleux ! Que s’est-il passé à cet instant ? Cela vous a fait vous oublier pendant un instant. Comme un enfant absorbé par un jeu qui l’a subjugué.

Est-ce cela la beauté ? Le fait d’être absorbé par un magnifique paysage ? Être subjugué ? S’être abandonné à quelque chose de vaste, ceci vous ayant contraint de vous oublier pendant un instant. Alors vous dépendez de votre jouet, d’un bon film. Ce sont des façons de sortir de soi-même.

Les rituels dans les temples sont faits pour créer une certaine sensation. Est-ce cela la beauté ou quelque chose de complètement différent ? Nécessite-t-elle l’absence du moi, de l’observateur ? Est-ce seulement possible dans ce monde moderne empli de bruits ? Sans affirmation de soi ?

Est-il possible de ne pas avoir un intérêt pour soi dans ce monde, tout en vivant ici ? L’intérêt pour soi se cache dans différentes formes. Dans la prière, dans l’acquisition d’une profession, d’un grand savoir, d’une réputation particulière. Il est à notre côté depuis des millénaires, une graine dans tout ce qu’on fait. Il s’agit d’en être conscient.

L’intérêt pour soi divise : mon intérêt opposé à votre intérêt. Contentez-vous de l’observer, de rester avec la chose, et de voir ce qu’il se passe. Se connaître soi-même est possible sans qu’il y ait besoin de se juger ou de vouloir se changer. Il s’agit d’observer la relation, car elle a à voir avec l’intérêt pour soi.

Qu’est-ce que la relation ? Avec la Terre, avec la beauté du monde, les autres êtres humains ? Quel est ce lien, lorsqu’on dit que je suis lié ? Quand il n’y a pas de relation, nous nous sentons déprimés. Quand vous dites « ma/mon » femme/mari, qu’entendez-vous par là ?

Commençons par la famille, noyau de toute société. Que veut dire être relié ? A quoi êtes-vous relié ? Quand vous suivez un guru, qui suivez-vous ? A quoi vous abandonnez-vous, vous livrez-vous ? Est-ce à l’image que vous vous êtes créé de ladite personne ? Au symbole que vous avez construit ? Non ce qu’elle dit ! C’est donc un intérêt pour soi, à ce qu’on a construit.

Revenons à la famille. Quand je pense à « ma » femme, je pense à toutes mes joies et peines avec elle ? Mais la femme et l’homme sont toujours séparés, et il y a conflit. La racine du couple est l’intérêt pour soi. L’homme ambitieux, la belle femme. Tout cela est de l’accomplissement de soi-même.

Contrôler son intérêt pour soi est aussi de l’intérêt pour soi. Examinons l’austérité. Le monde monacal la connaît bien. Être âpre. Être austère est-ce cela ? Se refusant le luxe d’un bain chaud ou bien avoir peu de vêtement ou prononcer un vœu de célibat ou de pauvreté, s’imposer le contrôle de ses désirs… Ou bien autre chose ? Le jeun, les sacrifices, ce n’est que du spectacle vers l’extérieur. L’austérité peut-elle être non imposée, non spectaculaire, totalement invisible à autrui ? Ne comportant pas de discipline (= apprendre) ?

L’austérité : pas de division en soi, paix en soi, dignité. Nous devons parler du désir, lié à la sensation. Nous vivons par la sensation, elle revêt une énorme importance pour nous. Sensation d’être en sécurité, d’avoir accompli quelque chose, de plaisir… Quelle relation entre la sensation et le désir ? Quand la sensation devient-elle désir ? Ou sont-ils inséparables ? A quel instant le désir devient-il dominant ?

Observation d’un bel appareil photo, de ce qu’on pourrait faire avec. Quand passe-t-on de la sensation au désir : il me le faut ! Restez avec cette question, voyez-en les implications. La sensation est transformée en désir quand la pensée crée l’image à partir d’elle. Si je pouvais avoir cet appareil… si je pouvais prendre une photo avec… Vous n’avez pas besoin de livre, de philosophie pour faire cela !

Et nous vivons par le désir. Quel rapport le désir a-t-il avec l’intérêt pour soi ? Aussi longtemps que le désir existe, via la sensation-pensée, il y a intérêt pour soi. Que l’on veuille parvenir au paradis ou devenir un homme riche. Les deux choses sont identiques. Que l’on veuille devenir un saint.

Combien sommes-nous handicapés par les mots.

Qu’est-ce que la souffrance ? Dure-t-elle aussi longtemps qu’il y a intérêt pour soi ? Si vous vivez réellement avec cela, vous n’avez pas besoin de livre, de paradis…

Chacun sur Terre passe par ce tourment de la souffrance, quelle que soit la forme qu’elle prend. Que signifie ce mot ? Est-ce le souvenir de quelque chose/ quelqu’un qu’on a perdu ? Est-elle engendrée par la mémoire ? Consiste-t-elle en la fin d’un vécu ? Par conséquent je me sens perdu, je me tourne vers autre chose ou je prie. Est-ce de la pitié de soi ? Une préoccupation plus grande pour la perte que je ressens, que pour celui/celle qui est parti ? La souffrance est-elle liée à l’intérêt pour soi ???

Depuis un million d’années, nous pleurons. Les idées créent les guerres… La souffrance est liée à la passion. Aussi longtemps qu’il y aura intérêt pour soi, il y aura souffrance.

L’amour ne peut cohabiter avec la souffrance. Qu’est-ce que l’amour ?

On ne peut pas jouer avec tout cela les mercredis et dimanche matin. Mais en s’y attelant sans cesse, en observant sans cesse, en gardant avec soi et pénétrant les concepts abstraits.

L’amour induit la mort, la création. Qu’est-ce que la création ? L’invention est un nouveau jeu d’idées. Mais nous ne parlons pas d’idées, mais de choses très sérieuses : de l’amour, de la mort, de la création. On ne peut pas en parler en 5 minutes… Nous verrons s’il existe quelque chose qui peut être au-delà des mots, de la pensée, hors du temps. Mais si notre cerveau n’est pas libre, on ne peut appréhender tout cela.

Visée, démarche et Pierres


La Franc-Maçonnerie vise à :

- améliorer l'homme et la perfection de l'Humanité,

- Former et Transformer l’initié en Homme libre, exemplaire et de Devoir, qui obéit aux lois de son pays, qui vit selon l'honneur, pratique la justice, aime ses semblables, travaille sans relâche à introduire l'HARMONIE et la PAIX dans la société humaine tout entière et qui poursuit son évolution progressive, en s'inspirant à cet effet de la devise qu'il a faite sienne <<Liberté - Égalité - Fraternité>> ; « Ordo ab Chao ».

- Former au sens de convertir le regard de l’initié en celui d’un porteur de lumière qui prend ainsi conscience que désormais ici et maintenant, il a plus de devoir que de droit.


 Pierre brute

Située au pied de la Colonne du Nord ou colonne B, cette pierre nous montre l’état d’ignorance qu’a l’homme à la suite des vices et des passions. Le franc-maçon a pour tâche fondamentale, dès le moment de son Initiation, de la polir avec le marteau de la constance et avec le burin de la volonté, pour la transformer en Pierre Cubique ou Taillée.

Dans ce travail symbolique, l’Apprenti est à la fois ouvrier, matière première et instrument. La pierre brute ne doit être rien d’autre qu’un caillou abandonné à l’entrée du Temple, un symbole auquel il accorde à peine une légère allusion : il est nécessaire de TRAVAILLER. La Pierre Brute est en définitive la plus authentique représentation symbolique de la personnalité et le caractère de l’homme lorsqu’il est en état d’imperfection, c’est-à-dire entouré de vices et de passions et en même temps chargé d’ignorance.

Elle ne doit manquer dans aucun temple maçonnique, car elle nous rappelle que nous sommes Apprentis et que seulement avec le travail, l’étude et la pratique des vertus, nous pouvons atteindre une éducation exemplaire et purifier nos cœurs dans le soulèvement de notre temple spirituel.


La démarche maçonnique

La démarche maçonnique a pour but la transformation de l’individu. A ce titre, la pierre brute représente l’état de l’initié lors de sa première entrée dans le temple tandis que la pierre dégrossie représente le néophyte en quête de progression.

La pierre cubique représente le résultat du travail de l’Apprenti avant son passage au grade de Compagnon : il a avancé sur la voie, il s’est affiné lui-même,

La pierre cubique à pointe représente le résultat du travail du Compagnon avant son passage au grade de Maître maçon : c’est l’image de l’Homme Initié. Le Maître, quant à lui, n’aura plus à tailler la pierre mais à tracer des plans : l’utilisation de la planche à tracer sera le symbole de son entrée dans un nouveau monde.

De même, au pied de l’Orient se trouvent deux blocs de pierre :

- l’un, coté septentrion, représente la pierre brute, bloc de pierre informe, grossier et rugueux dans son apparence ;

- l’autre, coté midi, se présente sous le forme d’un cube parfaitement lisse.


Pierre cubique

Elle est le chef-d’œuvre que doit réaliser le compagnon. Dans le tableau de loge du deuxième degré, la pierre cubique est bien présente, au Midi, sous le Soleil. La forme cubique donnée à la pierre à ce degré ne relève certainement pas du hasard.

Ainsi dans la plus Haute Antiquité, le trône du Pharaon est une pierre cubique. La déesse Cybèle, phrygienne à l’origine et qui a été identifiée à Rhéa, la mère de Zeus et aux plus grands dieux grecs, siège sur le Mont Ku bébé (du grec cubos) qui est un cube.

L’Arche d’Alliance constitué d’acacia, bois réputé imputrescible a la forme d’un cube de vingt coudées d’arête. Comme énoncé plus haut, la Kaaba est un édifice de forme cubique, qui est placée au centre du lieu saint islamique de la Mecque.

La pierre brute peut représenter le "chaos" initial, la "matière première indifférenciée", la "materia prima". La pierre cubique taillée, représente au contraire l'achèvement, voire la perfection de l'œuvre. C’est la pierre de fondation terrestre, voire souterraine, dans les assises de l'édifice : elle assure la stabilité.

Taillée et polie parfaitement, elle est la pierre de fondation enfouie ou clé de voûte, qui permet l'élévation de l'église, de la cathédrale, du temple. Jésus n’a-t-il pas dit : « je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon assemblée… » ?

La Pierre cubique symbolise le travail et les progrès accomplis par le Compagnon, notamment par la maîtrise des 5 sens, qui dans le naturel de l'homme sont difficiles à contrôler. Il a désormais le sens de la mesure, car il sait rapporter une dimension avec le compas, il en connaît toute la puissance géométrique.

En transformant la pierre brute en pierre cubique, il sort de la matérialité pour tendre vers la spiritualité, il se retrouve à mi-chemin entre le ciel et la terre. C’est ainsi que sur l’Autel des Serments une des branches du Compas surplombe l’Equerre. La matière ne domine plus totalement l’Esprit.

Source : RL La Table D'Emeraude

La nuit obscure de l'âme


Bien chers Frères et Sœurs sur le Sentier,

Ce soir, avant de m'endormir, je fais le point comme à l'accoutumé... Or, je m'aperçois qu'il arrive souvent que des membres après avoir eu l'impression de gravir rapidement le sentier de la connaissance, après avoir baigné dans l'Euphorie de la nouveauté, se retrouvent d'un seul coup devant l'abîme. Malgré des efforts soutenus, tout ce qu'ils peuvent faire semble contrarié par une force inconnue et invisible. Cela se manifeste même dans leur vie quotidienne, à tel point qu'ils sont tentés d'abandonner.

Ce stade est connu en Ésotérisme. Nous l'appelons "la nuit obscure". Elle survient à chaque étape décisive de notre développement, à chaque initiation donnée sur les plans subtils. Le doute nous envahit, les choses matérielles se détraquent, la lassitude nous prend. La question fatidique qui est posée est : "Sommes-nous capables de digérer l'acquis, sommes-nous capables d'aller plus loin sans mettre notre psychisme en péril ? "

Les Esséniens furent les premiers à appeler cette période de : "Nuit obscure de l'âme". Les pères de l'Église reprirent ce sens sous l'expression "d'aridité spirituelle". Ils désignaient en cela une période de désolation de l'âme se produisant dans la conscience intérieure. Puis vinrent les alchimistes qui appelèrent cette période : "nuit noire de la matière" et, en effet, elle précède la lumière nouvelle de l'initiation intérieure et personnelle tout comme l'aube précède les premiers rayons du matin.
Nous pouvons encore comparer cette période aux "Enfers initiatiques". Dans ces moments nous nous retrouvons devant les portiers des mondes inférieurs Égyptiens lorsqu'ils posaient les questions avant la pesée de l'âme. Et, il nous faut la vivre ainsi. Chaque cherchant se doit de vivre cette épreuve comme un renforcement de sa foi, comme une expérimentation de ce qu'il a appris depuis le commencement de son chemin.

Ce doute est d'une certaine façon une sauvegarde quant à l'avenir. Je pourrais faire la comparaison avec le montagnard qui n'aurait fait que des parois sans difficultés. Il prendrait certes confiance en lui, mais cette confiance pourrait se révéler dangereuse si elle l'amenait à n'avoir aucune peur devant la paroi et ainsi le rendre inconscient du danger. Il en est souvent de même pour celui qui gravit le sentier. L'énergie, la force, le pouvoir qu'il sent s'installer progressivement en lui a tendance à renforcer son Ego, son orgueil. Le piège est d'autant plus facile que le début du chemin se passe principalement sur les plans intellectuel et mental. Le cherchant est d'abord émerveillé par la Connaissance, tant et si bien qu'il en oublie son travail d'oratoire et sa pratique personnelle. Passant par la période de nuit obscure, il est d'un seul coup dépouillé de sa vanité. Il peut ainsi prendre conscience de ses faiblesses ou chuter définitivement si le but qu'il visait, n'était que le pouvoir. Nous pouvons la considérer comme un réajustement de notre mental.

Les anciennes écoles des mystères mettaient cette période en scène dans leur rituel de probation en faisant passer les candidats par des épreuves qui testaient leurs peurs. Il en est de même dans les courants Templiers où l'on dit que le Chevalier doit demander l'ouverture des portes des mondes inférieurs à Belzébuth. La symbolique est la même, l'aspirant chevalier doit vaincre ses peurs afin de maîtriser l'état qu'il convoite. Le bandeau noir que l'on pose sur les yeux du postulant est un reste de ces rites initiatiques. Le fait de rendre aveugle le candidat aux mystères le met en garde contre la nuit obscure qui s'annonce.

Cet état psychologique par lequel passe le postulant va lui permettre de transmuer ses craintes, sa timidité, en une force qui lui permettra de transformer en Connaissance ce qu'il a appris au cours de ses études. Il appartient à chacun de dépasser cette alchimie qui correspond à l'œuvre au noir.

Le fait que je vous en parle aujourd'hui ne veut pas dire que cela va vous arriver de suite. Vous en sentirez des effets à chaque palier, de plus en plus marqués jusqu'à vous retrouver dedans sans comprendre comment cela est venu. Dans les régions septentrionales, la nuit tombe sans prévenir... Mais la surprise vient surtout de ce que l'on ne prend pas garde aux signes avant-coureurs. Pris dans l'engouement de la connaissance neuve, nous laissons passer une suite de petits signes qui sont autant de signal d'alarme tout au long de notre route, mais le cherchant se croit toujours le plus fort, L'énergie nouvelle qui l'habite lui donne un sentiment d'invulnérabilité qui lui fait prendre ces signes pour des peccadilles.

Le premier de ces signes avant-coureurs est un regain d'activité. Une agitation croissante l'envahit mais qui lui laisse chaque fois un sentiment d'insatisfaction. Nous démarrons un projet qui nous faisait envie depuis longtemps, tout semble fonctionner correctement mais l'envie n'y est plus... Nous voulons plus, mieux... Nous sentons en nous même un désir autre, de plus en plus grand qui rend ce que nous vivons sans importance, amer. Un désir latent nous habite qui peu à peu devient notre Maître, II réclame satisfaction et nous met dans une situation de fébrilité émotive... Il nous replonge progressivement dans notre mental inférieur et cela nous empêche d'avoir une vision claire de ce que nous désirons. C'est l'époque où l'on cherche le gourou, le Maître, à n'importe quel prix... C'est le moment où l'on risque le plus de tomber dans une magie pas toujours "très claire" où, si l'on est honnête envers soi-même, on se rend compte que l'on cherche avant tout le pouvoir. Un peu comme le jeune conducteur aura tendance à appuyer sur l'accélérateur afin de maîtriser le véhicule nouveau qu'il possède alors que l'ancien cherchera avant tout le confort de ce véhicule. Mais ce véhicule ne va jamais assez vite... Alors... ! Dans ces moments, nous cherchons le groupe pour montrer nos réalisations, mais l'insatisfaction que nous avons de ces réalisations nous pousse le plus souvent à chercher la solitude. Notre Ego est le seul à comprendre notre besoin de puissance ! Le seul capable d'entendre l'impuissance qui est la nôtre !

Dans ces moments, nos émotions nous empêchent de voir la réalité de notre état, toute aide extérieure tombe à plat, le cherchant vit la contradiction permanente du but qu'il veut atteindre et qu'il impose aux autres ainsi que son incapacité à être. Comment faire pour en sortir me demanderez-vous ? Il est trop tard aurai-je tendance à vous répondre... C'est avant qu'il aurait fallu réagir car il est toujours préférable de prendre une maladie à son origine, faute d'avoir eu une action préventive.

Encore une fois, c'est dans nos oratoires qu'il nous faudra trouver la solution. C'est en mettant en œuvre notre volonté afin de descendre en nous-même. Dans ce lieu, face à notre miroir, nous oserons nous regarder et nous poser les bonnes questions, faire le bilan de notre vie face à des questions essentielles : Que signifie la vie pour moi ? Quelles raisons, autres que celles émotives, ai-je pour vivre ? Est-ce simplement une piété religieuse ou mystique qui me pousse à vivre ? Est-ce la peur de la mort ? Quels sont réellement les buts que je poursuis ?

Seule l'honnêteté intellectuelle peut nous sortir de cet état !

Lorsque ceci sera fait, revenez aux bases de tout cherchant. Méditez sur les valeurs fondamentales de la quête...
   - « La compassion, qui est l'opposée de toute passion égoïste et avide, permettra au cherchant de modifier sa vibration afin de se rendre disponible aux Hommes. »
   - La tendresse, antithèse de l'égocentrisme, qui permettra au cherchant de ne plus diriger ses pensées vers lui mais vers les autres. C'est cet état de sentiment qui est souvent appelé "miséricorde".
   - L'impassibilité, antithèse de la convoitise et du désir, qui permettra à l'aspirant serviteur de se libérer des résultats Karmiques de ses activités vis à vis d'autrui. Cette impassibilité se rapproche davantage d'une qualité du mental supérieur que les deux précédentes.

Cela nous ramène à nos trois cerveaux : la compassion, antithèse de l'émotif ; la tendresse, antithèse de l'amour narcissique et l'impassibilité, antithèse de l'intellect raison. Nous nous rendons ainsi compte que chaque cerveau contient en germe les deux autres.

Par ce travail sur vous-même, vous vous libérerez de l'emprise de cette "nuit obscure" en clarifiant vos buts, en les situant à nouveau vers l'autre et non plus aux seules fins de votre Ego qui ne cherche qu'à se rassurer au travers de pratiques magiques, divinatoires ou de contacts divers tout en vous donnant l'impression d'œuvrer pour le collectif.

L'ère du Verseau, pour laquelle nous devons nous préparer nous demande d'être vigilant et rigoriste (encore une fois, à ne pas confondre avec raideur). L'homme du Verseau devra devenir le Maître-serviteur du collectif, celui qui dépassera l'œuvre au noir par sa volonté de servir avant tout. Il avancera parce qu'il aura su reculer, céder sa place à d'autres sans calcul. En lui, l'Amour sera devenu l'athanor, le feu divin qui transmute toute chose sans excès.

Que l'Amour de notre Divin Maître réside toujours en vous.

Le Graal

" Que cherchait-t-on quand on cherchait le Graal ? Une coupe de la facture la plus précieuse ? Une modeste écuelle emplie du sang du Christ ? Un vase plein de ce que l'on voulait y trouver ? Là se tenait le génie de Chrétien de Troyes : n'avoir rien révélé, contraignant le chevalier à ne jamais cesser sa quête, forçant le roman à ne pas s'achever, offrant aux lecteurs d'imaginer ce qu'il voulait, l'incitant à toujours relire le conte.

" Graal " : tao de l'Occident, néant empli de son propre mystère, représentation née de l'absence et versée dans le vide. Le nom du Graal était légion. Mais à l'inverse de la légion satanique, cette légion-là scintillait de significations associées aux plus nobles vertus. Par les interprétations du Graal se rassemblaient les motifs de l'âme occidentale. C'était le vitrail de la grandeur d'être. Pureté, prouesse, valeur, aventure, amour ou foi, tout faisait sens, tout était Graal. Ô siècle béni (le douzième) où la chevalerie arrima une société à ces vertus de force et de beauté. Alors, le haut et le bas, le propre et le malpropre, la clarté et l'obscurité, le bien et le mal, le blanc et le noir ne se valaient pas.

Le chevalier sur le chemin cherchait la signification de son existence et le moyen de la hisser à sa plus haute définition. En aucun cas on n'eût réduit le Graal à un objet, fût-il une coupe christique. C'était autre chose. Cela pouvait signifier le rassemblement des plus hautes ambitions.

Une autre piste : le Graal correspondait à la recherche elle-même. Seul importerait alors le mouvement menant de l'obscurité à la lumière, c'est à dire de la question à la réponse. La quête du Graal se serait ainsi définie par son propre élan. Naissant de son désir, vivant de sa mécanique, s'alimentant de sa propre existence, le Graal était la quête. " Ipséité " du Graal diraient les cuistres.

On imaginait un lai.
- Que cherches-tu chevalier ?
- Je cherche à chercher.
- Trouveras- tu ?
- Je ne veux pas trouver.
- Où vas-tu ?
- On continue la quête.
- S'achèvera-t-elle ,
- Sa fin est de ne pas en avoir ".

Avec les fées - Sylvain Tesson

Le Graal

Avril 1980

Nous avons déjà parlé du Graal. C’est un sujet aussi vaste que la Liberté, la Fraternité, l’Amour...

Les légendes et la poésie qui entourent le Graal font qu’il est très difficile de lui donner une signification exacte.

Ce que l’on peut en dire, c'est qu’il est une réalité supra-humaine, antérieure à toutes religions, ou plus exactement ayant existé dans toutes les religions, des plus anciennes jusqu’à nos jours. Il est la "Révélation", l’unité de la Vie Universelle qui apporte la diversité dans le monde matériel. Il appartient à l’humanité et possède une souveraineté occulte sur la terre. Sa réalité supra-humaine n’empêche pas qu’il ait aussi une réalité sur les plans matériel, spirituel et mystique. Son origine remonte probablement à la Tradition hyperboréenne. La légende parle du centre primordial qui enseigna l’humanité. A ce moment-là, existait une civilisation d’êtres supérieurs ayant gardé le contact divin. Ils habitaient la "Terre des Vivants", l'hyperborée, une terre de glace transparente. La glace transparente est le symbole de la protection invisible. La lumière du Soleil baignait des êtres qui étaient purs. Ils étaient conscients des relations qu'ils pouvaient avoir avec le cosmos. Ils se plaçaient sous le signe solaire, principe masculin, actif. C’était la période de l’Age d'Or. Après ce temps, vint la période féminine où le principe féminin se rattachera à la Lune. Ce fut I’Age d’Argent. Les légendes de diverses traditions nous disent que cette période fut le temps de la révolte de l'esprit, l’ère des Géants et des Loups, où la civilisation commença à se gâcher. Alors vint l’Age du Bronze. Enfin, ce fut la dernière génération, l’Age du Fer.

Des êtres ont réalisé à ce moment-là leur chute. Ils avaient peu à peu abandonné leur spiritualité pour la matérialité. Les plus évolués ont tenté de reconstituer l’Age d'Or pour retrouver le Graal qu’ils avaient perdu. Et, depuis, l'homme le recherche toujours. Le Graal a été représenté de diverses façons, mais surtout comme une coupe mystique, une pierre contenant la Sagesse et l’Immortalité. Elle est le plus souvent de couleur verte, car cette couleur englobe tous les symboles des couleurs. Cette coupe était censée recevoir les rayons du Soleil et de la Lune.

D’après la mythologie, "Isis", dont le nom signifie arc-en-ciel, puisait dans une coupe d'or l'eau nécessaire aux serments de Dieu. Les Atlantes, que l'on considère comme la première race humaine venant du ciel, utilisaient la coupe en magie. La plupart des cérémonies magiques commençaient par le sacrifice d’un animal dont on recueillait le sang dans la coupe. Cette tradition s'est propagée au Caucase où l’on mettait dans la coupe le suc de l'arbre de vie, en Iran, en Irlande, en Belgique et au Danemark où l’on retrouve des vases et des chaudrons rituels. Dans l’Inde, le vase Samoudra contenait le saura qui, après avoir macéré trois jours, était considéré comme l’eau de la Connaissance. En Chine on faisait macérer dans le vase Ting six plantes sacrées qui permettaient de vaincre la mort, qui donnaient la puissance psychique, la clairvoyance, l’ivresse divine ouvrant les mondes supérieurs, les mondes du Graal. Au Mexique le vase se nommait Akbal, inversion du mot kabbale. Dans la civilisation de l'Islam, le Graal était la pierre mystérieuse vénérée de la Kahaba. La légende dit aussi que les 12 initiés protecteurs du Graal et Maîtres de la terre vivant dans l’Agartha primordiale donnent naissance aux doctrines de l’Inde et de la Perse. L’Agartha étant le royaume inaccessible à qui n’a pas la pureté absolue. Cette tradition venue jusqu’à nous par les Celtes a été répandue par les Druides, particulièrement en Bretagne. D'après les Druides, 12 pierres dressées figurent les 12 signes du zodiaque contenant les 12 portes du ciel, par lesquelles la lumière du Graal peut pénétrer dans notre monde et en sortir. Au centre des 12 pierres, se trouve une pierre que nul ne pourra toucher s’il n'est pur. La coupe d'or est l'apanage des peuples celtes.

Saint-Bernard est le dernier héritier de la grande initiation celtique en tant que fondateur de l’Ordre cistercien. Son influence a été déterminante sur le cycle des romans du Graal. Au XIII° siècle Wolfram von Eschenbach, qui appartenait à l’Ordre du Temple dit avoir trouvé sur une verte émeraude une inscription relatant le désir du paradis, du Graal, force spirituelle puisée dans les forces célestes. Pour W. d'Eschenbach, le Graal était une pierre précieuse enchâssé sur le front de Lucifer, l’Archange déchu, au moment de sa chute. En tombant cette pierre s'est divisée en 144 morceaux, qui ont formé les facettes d’une coupe. Remarquez que 144 est le carré de 12. Le Graal, d'origine céleste, est le reflet de la Lumière Originelle. Il a un caractère d'universalité. Le Graal est une parcelle de la lumière cosmique. Il est la conscience humaine réfléchie dans le cosmos. Il est le contenu spirituel sous la forme d’un mystère présent sur terre ayant une vertu céleste. La coupe se rattache à la voûte étoilée, aux forces cosmiques et particulièrement au soleil. On peut comparer la queste des chevaliers à une queste solaire à travers les signes du zodiaque.

Autre symbole se rapportant à la pierre : Le roi Arthur devient roi en retirant une épée fichée dans une pierre quadrangulaire. Sans pierre angulaire, le temple s'effondre. La pierre est parfois représentée par un triangle initiatique contenant « l’œil ». Ce symbole est utilisé par les chrétiens et francs-maçons qui inscrivent au centre du triangle le signe du tétragramme ou du Yod, nom divin. Alphabétiquement, ce nom est à l’origine des lettres, et hiéroglyphiquement il est le principe de toutes choses. Le centre du triangle est symboliquement l’axe du monde ; il est yod descendu du ciel, l’œil qui voit tout.

C’est d'Isis que nous viennent les vierges noires, le plus souvent habillées de vert, couleur de la pierre d’émeraude. Dans l’abbaye Saint-Victor à Marseille, la vierge et l'enfant Jésus sont habillés en vert, et les cierges qui les entourent sont verts. Aux Saintes-Maries de la Mer, en Provence, la vierge noire est parée de pierres vertes. Saint-Jean, dans l’Apocalypse, parle de "Celui" qui était assis sur un trône ayant l’aspect du jaspe ou de la sardoine, environné d'un arc-en-ciel semblable à l'émeraude. Le vert est devenu la couleur de la chevalerie.

Une autre définition du Graal est celle du Graal-Livre. Dans la grotte de Sabartez, près de Montségur, on a trouvé des tablettes fort bien conservées. Elles relatent comment s’établissait une relation occulte entre une Loge d'initiés cathares et d'initiés templiers possesseurs du "Livre". Le Graal-Pierre permettait la communication avec le Livre dont les origines proviendraient d’un peuple céleste. Mais il est dit que seuls les êtres d'une pureté absolue pouvaient servir d'intermédiaire et connaître les secrets qui ouvrent la voie aux plans supérieurs. Dans certaines églises, la Vierge est représentée puisant l’énergie cosmique dans une coupe, un vase ou une amphore et la répandant sur le monde. Cela évoque le Verseau, réalité cosmique et initiatique qui "verse" l'énergie du cosmos. Tout le monde connaît la légende de la coupe dans laquelle Joseph d’Arimathie recueille le sang du Christ au pied de la croix... Ce sang qui est le symbole éternel de la Lumière. Le Graal appartient à la Chevalerie Céleste, sa queste à la Chevalerie terrestre.

Chercher le Graal, c’est renouer sur le plan spirituel avec la Tradition Primordiale. Les Templiers possédaient la plénitude initiatique qui leur permettait d’avoir un rôle intermédiaire entre le Ciel et les hommes. Ils étaient garants de la Tradition. Nous faisons tous une queste individuelle du Graal. Nous recherchons dans le tréfonds de notre conscience notre pureté première. Chercher le Graal, c'est ce que nous nous efforçons de faire en Massenie. Chacun de nous doit préserver sa propre individualité, mais il ne nous sera pas possible d’arriver à un résultat si nous restons des individualistes ayant une attitude trop personnelle, si nous vivons sans Fraternité véritable. Dans ce cas, nous ne ferons rien de valable, ni pour nous-même, ni pour aider nos frères proches et nos frères en humanité.

Il faut développer en nous l'amour fraternel envers tout être vivant quel qu’il soit. L’amour est la seule force qui construit notre âme, qui l’enlève aux forces élémentaires du courant de notre vie. Dans notre inconscient tous les sentiments qui ont vécu en nous depuis l’origine sont perçus. Nous avons un passé dont le commencement nous échappe mais qui prépare perpétuellement notre futur et nous forme. La plus grande cause de la souffrance est le repli sur soi-même, le refus de comprendre les autres, le refus de la fraternité. Et pourtant, donner c’est s’enrichir. Il n'y a pas de véritable progrès sur le chemin de la Connaissance sans véritable amour fraternel. La Fraternité doit vivre en nous, dans toute notre façon de penser et d'agir. Il faut que nous ayons le désir de joindre "l'autre" pour qu'il sente lui cette force.

Les réunions de la Massenie, en se prolongeant au delà de l’enseignement nous en donnent la possibilité. Rien n'est plus réconfortant, pour un être aux prises avec les difficultés de tous ordres, que de sentir la manifestation d'une attitude fraternelle. Nous devons penser que l’âme de chacun est une parcelle de l'esprit cosmique éternel, au même titre que la nôtre. Si, pour certains, les enseignements de la Massenie et les débats qu'ils provoquent ne sont soit qu'un jeu de l'esprit, soit une occasion de s’évader de leurs problèmes et de leurs soucis, j'en serais navrée pour eux. Car, à mes yeux ils auraient raté l'épreuve. Je pense que vous sentez tous que la Massenie du Saint-Graal est une véritable Chevalerie qui s'est reconstituée. Chacun peut œuvrer pour sa progression, mais cela est insuffisant. Il faut aussi œuvrer pour que la Fraternité ne soit pas un vain mot, ou une simple attitude superficielle. Nous devons nous resserrer les uns les autres pour qu'au moment des grandes épreuves nous ne formions qu’un. N'oublions pas que l'expression ultime de la vie spirituelle est la fusion d’Amour avec Dieu. Mais, pour l'atteindre, il nous faut développer l'Amour Fraternel.

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