Les Harodim et la Massenie du Saint-Graal

Lorsque le chevalier Jean de Rampillon décida, avec son fils spirituel, de fonder la Massenie du Saint-Graal - cela afin de sauvegarder l'Esprit du Temple - ils recherchèrent des Templiers éparpillés et d'ancien Croisés. Ils retrouvèrent au passage un harodim qui vivait dans une petite communauté juive, près de Coulommiers. Cette communauté décida qu'ils seraient 6 à la disposition du Chevalier.

"Les kabbalistes de la Massenie étaient comme je vous l’ai déjà dit, des harodim. Ils consacraient leur vie aux sciences hermétiques : astrologie, médecine, astrosophie, etc. Ils étudiaient les livres sacrés pour y retrouver le véritable sens des écritures anciennes. Par un système métaphysique et mystique, de caractère spéculatif, ils recherchaient la voie qui mène à la sagesse, à la connaissance. Ils formaient un noyau ésotérique, maintenant les attaches spirituelles qui leurs permettaient un contact avec l'au-delà. Ils descendaient des patriarches hébreux initiés en Chaldée, en Egypte, en Phénicie. Il n'est rien d’étonnant que Templiers et Harodim qui s'étaient connus au moment des croisades, aient des points communs et qu'ils aient œuvrés ensemble. Ils avaient fréquenté en Orient des loges initiatiques, et les Harodim avaient révélé aux Templiers des secrets dont certains se rapportaient à la construction.

Ils cherchaient la "dédicace" d'un temple ou d'une maison refuge en se servant des symboles et des formules sacrées, de la position des astres dans le ciel astrologique, des courants telluriques et d'après tout cela, déterminaient l'orientation et les dimensions du bâtiment à construire. Leur secret était basé, aussi, sur les relations des chiffres et des lettres. Les Templiers ont appliqué ces connaissances à la construction de leurs églises. Certaines étaient rondes, dites "initia­tiques". Elles avaient trois tables, une ronde, une carrée et une rectangulaire. Ces trois tables qui devaient symboliquement porter le Graal, représentaient les trois voies de l’Homme : intuition, intelligence, mysti­que. Les Harodim et les Templiers avaient une égale admiration pour les techniques et les arts, principalement celui de la pierre, et pensaient que la main et le cœur de l'artiste traduisaient la Divinité.

Parmi ces Harodim, certains étaient alchimistes, et en contact étroit avec d'autres alchimistes. Par exemple, à Hermé et autour du village, il y avait trois maisons dans lesquelles vivait des alchimistes et qui étaient désignées sous le nom de "tirtha", par référence au mythe hindou du fleuve Tirtha – yatra, qui accélère la traversée de l’océan des existences avant la libération de l’âme. Ces trois alchimistes, qui n’étaient pas des harodim, recherchaient, comme les cabalistes, le processus d’évolution de la nature et de la transmutation, autant et même plus chez l’Homme que dans les métaux.

Comme les kabbalistes, ils étudiaient et appliquaient une médecine fondée sur l'observation du développement de la nature, toujours par rapport au ciel astrologique. Ils avaient des laboratoires où deux colonnes soutenaient une grande cheminée. Ces colonnes s'appelaient "espérance et raison". Parfois, un grand bandeau surmontait la cheminée avec l'inscription "personne n'est grand comme Dieu, ne prononce pas son Nom, sans l'illumination". Parfois, il y avait aussi une représentation de la rose à 9 pétales, symbole de la trinité se divisant elle-même en 3 fois 3 principes. Il pouvait y avoir aussi le Sceau de Salomon. Ils étaient mystiques et se référaient à St Jean. Par exemple, dans l'Apocalypse, on lit "celui qui vaincra, je lui ferai une colonne dans le temple de mon Dieu et il ne sortira plus jamais dehors". Pour les Harodim et les alchimistes, c'est la loi du Karma. Quand l'Homme aura atteint, après bien des épreuves, sa "libération" qui correspond aux sphères supérieures d'initiation, il n'aura plus besoin de se réincarner dans un sein maternel, de sortir "dehors".

Nos guides et mon instructeur font partie de ceux-là. Ils sont des initiés désincarnés qui agissent sur les vivants. Les alchimistes qui vivaient dans les tirthas ou ceux qui passaient dans les Massenies et Tirthas aidaient leurs frères à gravir les échelons de la connaissance en unissant leurs travaux, afin qu'ils soient plus aptes à accomplir leurs tâches."

***** 

En 1314, après la disparition de l'Ordre des Templiers, a été fondée la Grande Loge de "Hérédom de Kilwining " en souvenir d'anciens Templiers et en présence de membres de la Massenie. Cette loge existe toujours et conserve dans ses archives la trace des divers passages des membres de la Massenie.

"Donc, un ange m'a conduite en Écosse, dans la vieille loge de Canongate-Kilwining. Elle existe depuis 1314 où Robert Bruce, roi d'Écosse, issu d’une famille templière, l’a fondée. Il l'avait nommée Loge Hérédom de Kilwining, dont le siège était à Canongate. Plus tard, elle s’est nommée Canongate-Kilwining. Là, j'ai assisté à une de leur réunion. Plusieurs magisters de Massenies, au moins une douzaine, venus d'endroits très différents y assistaient. Cela se passait autour de 1360.

Le grand-Maître de la loge faisait un discours dont je n’ai malheureusement pas rapporté beaucoup de choses. [...] Il a comparé l'Ordre de la Massenie à une Chevalerie spirituelle et initiatique invisible à nombre de gens, dont les Frères se préparent à recevoir les initiations. Elles permettront de vaincre le présent, de l'introduire dans le temporel, de vivre en relation avec l'Eternel comme le "Chevalier à la rose", de garder aux yeux des non-initiés le secret du Graal que nous connaissons.

La terre étant le reflet du Ciel, c'est en nous qu'est le temple puisque la divinité est en nous, puisque Dieu est l'esprit vivant et latent en tout Homme.

Les membres de la Loge de Kilwining et ceux de la Massenie portaient un même petit bijou suspendu au bout d'un cordon noir. Mais hélas, je me souviens seulement d'une tête de coq entourée de quelques signes. Je me suis fait la réflexion que le bijou du Grand-Maître ne portait ni cœur, ni aigle, ni phénix. C'était un triangle formé d'un compas et d’un quart de cercle. Au centre du compas, une croix ayant une rose en son centre. Sous elle un pélican. Ce bijou était sur sa poitrine suspendu par un cordon. Il a conclu en disant que le bien et le bonheur de l’Homme ne peuvent naître que de l’harmonie intérieure, résultat de la connaissance de soi. La vie sera lumineuse pour ceux qui marchent vers la lumière éternelle de Vie et d'Amour.

Ensuite, tous ensemble ils ont formé un cercle, une chaîne, en se tenant par les mains. Ils ont chanté une incantation dont je ne me souviens que du mot "dabar" qui revenait souvent, et encore je n'en suis pas absolument certaine. Ils ont terminé leur réunion par une méditation silencieuse dans une ambiance très prenante."

Gabrielle