Méditation de l’Arbre de Vie

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Les cinq premiers Arcanes informent ce qu’on appelle le Quaternaire d’Atsilout dans l’Arbre de Vie.

 

Placer les Arcanes dans les Séphiroth plutôt que sur les Sentiers de l’Arbre –comme cela est traditionnellement le cas- provient de la géniale intuition de J. Haab.

Par Arcane, nous entendons par ailleurs ici la famille symbolique formée par la Lettre hébraïque, la Lame du Tarot et l’Astre (ou le Signe, l’Elément) correspondants.
Par exemple, l’Arcane 2 (qui informe la Séphirah Binah) est ainsi composé de la Lettre Beit, de la Lame de la Papesse et de la Planète Saturne.

 

Le Bateleur via l’Arcane 1 se retrouve ainsi à couronner l’Arbre de Vie et c’est la table présente au centre de la Lame qui nous donne en fait la figure du Quaternaire d’Atsilout, avec ses 3 pieds visibles et son pied caché. C’est-à-dire avec la Triade supérieure de l’Arbre et la non-Séphirah Daât.

Le 4 est le Nombre de l’Harmonie, de l’équilibre ; il porte l’idée de la perfection du Monde. Et c’est bien de cela dont il s’agit ici, avec la Triade supérieure de l’Arbre qui correspond à l’Eden (et aux 4 fleuves de son jardin…)

D’un point de vue cosmogonique, le Quaternaire d’Atsilout correspond au Plan divin, totalement hors du temps ; un « lieu » où l’Harmonie et la Science divines règnent en maîtres.

Pour les qabalistes, cette partie de l’Arbre est appelé le « Grand Visage » (ou visage longanime), tandis que les 7 Séphiroth inférieures sont appelées le « Petit Visage » (ou visage tendu). Cela faisant référence à l’idée alchimique que la Matérialisation de la Lumière divine correspond à son ralentissement, à sa restriction ; ce ralentissement à un certain niveau fait écho au contraire à une mise sous stress de la Lumière à un autre niveau, qui plus il devient important, plus rend important la perception du temps, de l’espace et de la gravité par la conscience.

Cela nous donnant déjà une première pratique, consistant à rechercher le calme, la détente du Corps, l’entrée dans un état de réception. A percevoir en soi lorsque tout devient « lourd » (et où alors tout bloque extérieurement, tout est rendu plus pénible à réaliser) ou lorsque tout devient « léger », les choses se réalisant alors de manière fluide et parfois même en faisant fi de certaines lois terrestres…

Au niveau de la Triade supérieure de l’Arbre, les Lois divines étant obligatoirement respectées, l’Harmonie règne et l’Equilibre est parfait. C’est alors qu’intervient le Serpent dans la Genèse… afin que la Spirale de Vie continue son élargissement. Sans le Serpent, le Cercle se boucle, l’évolution s’arrête.

C’est la Connaissance (Daât) qui est proposé à l’Esprit de l’Homme ; la connaissance par expérience de la dualité, de la séparation et donc de la potentielle transcendance. L’expérience par essai/erreur que ne permet tout simplement pas le Plan divin. La possibilité pour l’Esprit de l’Homme, d’être le responsable de son état d’être… plutôt que son passif récipiendaire en Eden.

Au péché originel, préférons croire ainsi à l’Acte délibéré de la Conscience de souhaiter continuer à évoluer…

Daât devient alors le « lieu » de la Séparation entre le Plan créateur et la Plan créé. Lorsque Lucifer (ou l’Empereur de l’Arcane 4…) descend l’Arbre, la Lettre Dalet correspondante semble ainsi désormais fermer le passage vers le Haut. L’Arcane 3 cependant, la Quête initiatique, la possibilité d’Assomption représentée par l’Impératrice, fait couple en Daât avec l’Empereur.

Nous voyons donc que Daât propose une dynamique (descendre dans les Profondeurs pour rejaillir à l’Air libre), un double mouvement simultané (que nous retrouvons déjà avec le Bateleur d’ailleurs, avec la baguette dirigée vers le Bas, en même temps que la Rose s’élance vers le Haut).

Une fois la Descente dans la Matière enclenchée, c’est la mémoire de notre état divin qui va progressivement s’estomper, comme une conséquence et un préalable obligatoires de/à l’Expérience. D’où le fameux « Souviens-toi ! » de la Qabale…

Le plan divin garde cependant la mémoire de qui nous sommes, de qui nous sommes avant l’Expérience… c’est comme une sauvegarde informatique. Autrement dit et à un niveau davantage macrocosmique, le couple du Pape et de la Papesse, dans un parfait équilibre et une parfaite harmonie, garde la mémoire du Plan initial et peut-être bien aussi la mémoire de l’évolution déjà acquise…

La Lettre Aleph qui couronne l’Arbre de Vie via l’Arcane 1 résume tout ce processus dans sa graphie même.


En haut à droite, le Yod initial ; au centre la Séparation ; en bas à gauche le Yod « en expérience ».

Lorsque le Yod en expérience que nous sommes, accepte le processus de l’incarnation jusqu’au bout, puis qu’il réalise son retournement dans la Matrice (c’est-à-dire qu’il enclenche le processus d’Assomption de l’être, plutôt que son enfouissement définitif dans la matière), alors nous pouvons devenir des « Hommes-Arbres » et voir à travers la Séparation, l’unicité de l’Œuvre et le jeu de miroir qu’elle nous offre…

Alors, tout devient « Enseignement devant soi », les événements extérieurs deviennent – « à celui qui sait voir et entendre » – la guidance pour l’Œuvre en soi. Ayant perdu la mémoire et nous étant progressivement endormi lors de la Descente, voir à travers la Séparation, même si la communication commence difficilement et manque de clarté et de simplicité, est comme s’éveiller d’un Rêve…

Et mystère des mystères que nous enseigne Aleph avec sa valeur pleine : 1 1 1, c’est que nous sommes à la fois le Yod en haut, le Yod en bas et la Séparation au milieu…

Notons également la similitude du Aleph avec le symbole ancien du Tao…


Or, dans le Quaternaire d’Atsilout, avec les deux couples Pape/Papesse et Empereur/Impératrice, on voit bien que l’accent est mis sur les polarités. Remarquons cependant qu’au niveau de la Triade supérieure de l’Arbre, même s’il y a bien eu Scission primordiale de l’Unité (Keter, dans le Monde de l’Emanation, « s’ouvre en deux » avec Hokmah et Binah dans le Monde de la Création, ouvrant ainsi la « Porte du Temps et de l’Espace » - Daât), cette dualité reste comprise dans l’unité.

Cela se retrouve remarquablement au niveau du corps humain et de la partie correspondante à la Triade supérieure de l’Arbre, soit au niveau de la tête… Notre crâne qui est un mais où est inscrit la dualité avec nos paires d’yeux, d’oreilles ou de narines. Après le cou, la dualité du corps devient davantage prononcée avec nos deux bras et nos deux jambes, tout comme cela est le cas dans l’Arbre après Daât…

Restons sur le plan microcosmique et regardons ce que nous enseigne la Triade supérieure concernant le Cerveau Intellectuel de l’Homme, l’un des 3 Cerveaux de l’être.

Pour ce faire, ajoutons aux 22 Arcanes les 10 Planètes sur les Séphiroth. Cela fonctionne remarquablement bien en utilisant le système RET de l’Astrologie naturelle, car celle-ci organise les 10 Planètes dans un système de 3 triades + 1 Planète, analogue au système proposé par l’Arbre de Vie lui-même (constitué par 3 triades de 3 Séphiroth + 1 Séphirah). 



Pour la Triade supérieure de l’Arbre de Vie, nous placerons les 3 Planètes de la Transcendance ; Uranus en Binah, Neptune en Hokmah et Pluton en Keter.


Remarquons pour commencer la complémentarité d’Uranus et de Neptune en termes de graphies ; cela fait écho à la complémentarité du Pape et de la Papesse.

Uranus fixe tandis que Neptune ouvre.

En fait, Binah peut être associé à l’hémisphère gauche, rationnel, tandis que Hokmah peut être associé au cerveau droit, irrationnel de notre cerveau.


Et puisqu’il s’agit d’harmonie, d’équilibre, notre propos devrait être de tenter d’équilibrer l’usage de nos deux hémisphères, de chercher la Sagesse dans la Folie (Hokmah) et l’Intelligence dans l’Ordre (Binah). De se mettre en réception (Neptune) de la guidance divine, puis de la rendre pratique sur ce Plan (Uranus).

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Ch+ Arnau de Vilanova

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